Il a le contact facile au point de vous donner l’impression en quelques minutes que l’on se connaît depuis toujours. Gabriel Khairallah est ainsi, volubile, généreux, entier. Lorsque nous le retrouvons au Centre Saint Joseph, dont il assure la direction, il s’empresse de nous montrer la salle où les paniers repas sont préparés. Ici, 1200 barquettes sont distribuées chaque semaine essentiellement à des personnes âgées isolées. S’y ajoutent 900 colis alimentaires. Un chiffre en augmentation depuis 2020 sur fond d’une crise économique et financière qui ne cesse de s’aggraver. Plus de 80% de la population ont sombré dans la pauvreté.
Comme la grande majorité des Libanais, le père Gabriel, 54 ans, n’échappe pas à ce quotidien compliqué. «Mon souci est de payer les salaires, trouver des médicaments. On est passé en mode survie», explique-t-il, décrivant un peuple pris dans l’urgence, incapable de penser et de se projeter, tétanisé par la peur du lendemain. Pour le Franco-Libanais, cette instabilité permanente est l’une des raisons qui expliquent le mutisme de la population, celle-ci ayant cessé d’exprimer sa colère dans la rue.
Le Centre Saint-Joseph dépend du Cercle de la Jeunesse Catholique (CJC), dont Gabriel Khairallah est directeur. Il le présente comme le «bureau social des jésuites au Liban». En plus de l’aide alimentaire fournie aux plus précaires, le centre compte aussi un dispensaire où des médicaments génériques sont fournis gratuitement. L’ensemble est financé en partie grâce au mécénat*. Charge au père Gabriel Khairallah de lever des fonds auprès de grands groupes français entre autres. L’association Un Cœur pour le Liban soutient aussi le dispensaire en transférant depuis la France comprimés et gélules. Cette aide s’avère particulièrement précieuse à l’heure où l’inflation les a rendus inaccessibles pour une partie de la population.
Pour lire la suite de l’article rédigé par Alban de Montigny : https://www.lepelerin.com/monde/decryptage/au-liban-le-pere-gabriel-khairallah-un-pretre-epris-de-liberte-7888